Un défi n’est jamais impossible pour Anthony Gavend. L’entreprenariat dans la peau depuis l’adolescence, le landais surdoué et autodidacte explore sans cesse la planète innovation en jouant avec des projets fous. Fondateur du groupe EVOTECH basé sur la Technopôle Domolandes, cet hyperactif a structuré son laboratoire tourné vers la recherche et développement en différentes filiales. Du 1er drone spécialisé dans le secours en mer à l’homme volant… Anthony Gavend et ses équipes ont fait naître le premier chien démineur au cœur du dispositif sécurité des Jeux Olympiques mais aussi le 1er drone habité grand public.
Anthony Gavend, vous êtes tombé dans la marmite de l’innovation et de l’entreprenariat tout petit?
A.G.: J’avais 12 ans lorsque j’ai commencé à coder, j’ai créé une association au collège puis avec des copains, mes premiers logiciels pour protéger les réseaux de mon lycée de Saint-Vincent-de-Tyrosse.
Je n’ai donc pas fait d’études supérieures mais une envie irrésistible d’entreprendre !
On a monté notre première entreprise et j’ai quitté le lycée au grand désespoir de mes parents et mes professeurs ! Je n’ai donc pas fait d’études supérieures mais une envie irrésistible d’entreprendre ! J’ai travaillé un an dans le bâtiment pour démarrer ma première boîte à 18 ans, à la maison.
A l’époque, on avait déjà inventé des choses incroyables ! On avait mis au point des systèmes de sécurité pour l’Institut de Recherche Britannique. Les Anglais ne comprenaient pas comment 4 gamins, dans leur chambre avaient pu inventer ça! L’aventure avec les amis s’est arrêtée puis j’ai vécu ma seule expérience de salarié avec mon frère, cela n’a duré qu’un an avant de lancer notre propre société !
Je me rappelle avoir croisé un gars qui avait inventé un truc pour Apple et qui m’avait dit : “il faut avoir eu 6 entreprises pour comprendre le principe de ce qu’est un entrepreneur”, je l’avais trouvé arrogant, je dis la même chose aujourd’hui !
Aujourd’hui, vous êtes à la tête du Groupe EVOTECH qui a plus de 10 ans avec une organisation en filiales bien particulières.
A.G: Le groupe EVOTECH n’est pas une holding financière mais une holding active qui développe toujours des logiciels personnalisés pour la robotique.
À la base, cette société a été créé pour être le fil conducteur de ma vie et ma sécurité. Les projets qui me passionnent se montent autour. Rapidement j’ai pu monter en expertise dans des domaines divers comme la géolocalisation, l’électronique ou encore de la radiofréquence. Le montage en filiales permet de limiter les risques et que chaque projet soient indépendants, évoluent et se réalisent sans être phagocyter par un enjeu de comptabilité.
La filiale la plus connue est Shield Robotics qui est un bureau d’étude axé majoritairement pour le secteur de la défense. Tous les grands de ce secteur font faire les études chez nous pour tout ce qui concerne le drone.
La société The Skylanders va permettre à n’importe qui de pouvoir piloter un drone habité. Sans aucune formation, vous allez pouvoir monter dedans et voler à 20m de haut pendant 2 minutes en toute sécurité.
Nous sommes dans l’aboutissement du projet Flywings, un homme volant grâce à des propulseurs électriques.
Humaworks s’est spécialisée dans la gestion des risques d’inondations, d’érosion mais aussi des risques incendies qui sont très importants dans les Landes. C’est un enjeu majeur et nous allons sortir quelque chose de très fort cette année !
La petite dernière est une société d’Intelligence Artificielle.
D’où vient cette passion pour le drone et la robotique ?
Nous avons été les premiers à consacrer un budget pour détruire du matériel !
A.G: Je ne suis pas passionné par la robotique mais par le système ! Je n’avais jamais piloté un drone avant 2015 et aujourd’hui je suis considéré comme l’un des plus grands pilotes de drone au monde ! J’ai été nommé expert pour l’Union Européenne.
Au début, les connaissances sur les drones venaient uniquement de l’aéronautique et moi j’ai compris qu’il n’y avait pas de lien entre les deux puisque ce ne sont pas les mêmes systèmes et j’ai creusé ! J’ai créé un laboratoire de recherche et développement et contrairement aux autres, nous avons été les premiers à consacrer un budget pour détruire du matériel ! On poussait à fond les limites pour détruire, sortir des préconçus et valider des lois physiques ! On a gagné énormément de temps et surtout nous avons pu travailler pour d’autres.
J’ai commencé avec un drone sauveteur de 2kg, aujourd’hui nous mettons en route des machines de 600/700 kg ! Le champ des possibles est immense : de l’élagage électrique, des drones qui transportent 4 personnes, c’est très variable ! Mais je suis très réaliste, il est important de prendre en compte le ratio de l’ensemble du système. Parfois les avancées commerciales ont très peu de sens. Il n’y a pas que l’aspect technique, il faut prendre un projet dans sa globalité avec sa viabilité économique.
Vous travaillez essentiellement pour d’autres ?
A.G: Ce que l’on aime c’est quelqu’un qui vient avec une idée et nous, nous offrons la solution mais sans la produire. Nous ne sommes pas des industriels qui fabriquent. C’est pour cela que tous les groupes font appel à nous. Je trouve que c’est incroyable de faire ça et à ce rythme ! Nous ne sommes pas sur des temps longs mais sur des systèmes que nous concevons parfois pour une application qui va vivre que quelques mois.
On a une trentaine de projets par an. C’est énorme car nous n’avons qu’une petite équipe de 15 personnes ! C’est totalement surprenant au vu de l’ampleur de certains projets et de la diversité. Cette capacité d’innovation nous permet de trouver des similitudes et d’être plus efficaces. Dès qu’il y a des temps morts, les équipes développent aussi ce qu’elles veulent, donc on avance toujours.
Nous sommes toujours dans la recherche. D’un côté il y a cette passion de se remettre en question et de l’autre nous n’avons pas d’acquis fondamentaux qui nous mettent à l’abri pendant 25 ans. Mais aujourd’hui, avec notre “chien robot”, je me pose clairement la question d’une production industrielle pour des usages spécifiques ou grand public.
Comment est né le chien démineur dans le dispositif de sécurité des Jeux Olympiques?
A.G: A la base c’est un client qui me demande de développer un système robotique quadripèdes pour une plateforme. Tout de suite j’ai vu l’intérêt démineur de ce chien qui passe partout et j’ai décidé d’auto-financer le projet. Ça été un long chemin, 8 mois pour convaincre de son intérêt. J’y croyait mais je n’imaginais pas la réalisation jusqu’au JO. Jusqu’à la dernière minute, nous n’y croyons plus car notre banque ne nous suivait pas pour l’achat du matériel en avance, c’est une autre banque qui a débloqué la situation !
Il y a pour plus de 100 000 euros de matériel et Il y a surtout beaucoup de temps de cerveau qui coûte beaucoup plus cher que ce que l’on imagine ! Cela fait un an et demi que l’on travaille sur le sujet et nous travaillons encore sur la finalisation de cette version, c’est colossal. Nous sommes sur un robot de 15 kg que l’on peut vendre moins de 15 000 euros.
C’est hallucinant l’attraction pour ce chien qui va avoir d’autres vocations, notamment évènementielles.
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Les Jeux Olympiques sont une très belle vitrine !
A.G: Les JO c’est une très belle récompense, je suis super content pour l’équipe ! C’est une grande fierté car la France est le 1er pays à faire de la sécurité avec des drones robotiques.
Les projets d’EVOTECH s’enchaînent, il-y-a-t-il des freins au développement de cette capacité d’innovation en France ?
A.G: J’en veux à mes parents de ne pas être millionnaires ! Mes projets sont aujourd’hui beaucoup plus longs ! C’est très compliqué, en tant qu’entrepreneur je trouve cela très injuste ! Les systèmes d’aides sont trop difficiles à mettre en place, c’est le cas du Crédit Impôt Recherche.
Nous sommes sur un modèle très différents des Etats-Unis. En France, il n’y a pas de vision à long terme, même pour une société qui fait de l’argent ! Les financiers veulent une rentabilité à court terme avec aucun risque. J’aurais pu partir aux Etats Unis pour faire un développement financier énorme mais j’aime trop les Landes ! Parfois c’est très compliqué de se battre pour exister comme entreprise de la Tech !
Comme cela existe ailleurs, j’aimerai créer une dynamique avec les grandes sociétés du territoire en créant un cluster pour financer uniquement des projets locaux. Une véritable entraide. Cela fait sens dans notre département qui est une terre historique d’innovation et industrielle.
EVOTECH c’est aussi un modèle d’innovation dans le modèle de l’entreprise et du management ?
A.G: Je ne suis pas un entrepreneur qui croit en l’argent. Il y a la réalité, certes, mais je refuse aussi des projets qui sont sans passion, qui me rapporteraient de l’argent mais dans lesquels je pourrais perdre mes équipes.
Jusque-là je me suis auto-construit, j’ai tout auto-financé. Dans la Tech, je suis l’un des rares patrons qui se payent moins que ses employés et nous avons réussi à être rentables en moins de 3 ans. J’arrive à être innovant aussi dans la manière de manager. Je n’avais pas les moyens financiers de garder mes ingénieurs donc nous avons instauré d’autres choses : des choix, des responsabilités, une semaine à 4 jours à 34 heures sans heures supplémentaires.
C’est le sens profond de ce que l’on fait qui est leader! L’argent, c’est le boulot de l’entrepreneur pour mettre de la valeur en face du travail. La sobriété doit être à tous les étages ! Quand on fait un modèle attachant ça fonctionne vraiment !