La France est le leader européen de la production de chanvre. Comme il est résistant, la culture du chanvre ne nécessite ni engrais ni produits chimiques. Véritable puits de carbone, la plante peut être valorisée entièrement. C’est une opportunité que Vincent Lartizien a saisie en créant Les Chanvres de l’Atlantique en 2016 à Saint-Geours-de-Maremne.
De la sélection à la transformation
Les Chanvres de l’Atlantique ont réussi le pari d’une autonomie totale de la semence jusqu’au client final. Une prouesse accomplie en quelques années seulement. De 50 hectares en 2016, la surface cultivée est passée à 500 hectares essentiellement pour la culture de la graine de chanvre.
On transforme 120 tonnes par an.
Les partenaires agricoles, réunis dans une association, exploitent des hectares certifiés Fair For Life et Biopartenaire, et bénéficient d’un reversement de 1% du chiffre d’affaires pour leur fonds de développement.
« Nous sommes présents depuis la sélection et la création des semences, jusqu’à la collecte des matières en passant par le travail sur la santé des sols. Nous sommes en recherche de nouvelles terres, aux alentours de notre usine pour la culture du chanvre textile (1000 hectares en plus l’an prochain). » annonce Jenny Lartizien, directrice du développement commercial chez Les Chanvres de l’Atlantique.
Chanvre, le choc des cultures
Le chanvre pousse dans les Landes, le Pays Basque et le Gers. Nous sommes présents sur toute la France, mais selon les destinations de ces plantes, il existe des itinéraires techniques très différents. Pour le grain, on s’adapte au climat. Pour la paille et la construction textile, on cultive dans les Landes, le Pays Basque et le Gers.
De multiples applications
Les différentes parties de la plante sont transformées localement dans la chanvrière conçue à cette effet. Le parc de machines bénéficie, sans cesse, de nouveaux outils développés grâce à des partenariats industriels. La graine est transformée pour les marchés alimentaires et cosmétiques; les principes actifs sont extraits pour des usages thérapeutiques ou de bien-être. La paille est transformée et la fibre longue et la chènevotte en sont extraites à dessein : la fibre longue pour le textile, la chènevotte pour son utilisation dans le bâtiment, la plasturgie et l’animalerie.
Une lutte énergétique
En ce qui concerne la ressource hydrique, la culture du chanvre utilise peu d’eau, et on n’irrigue pas certaines parcelles. Il suffit juste que le sol soit bien équilibré. Il faut, en revanche, plus d’eau pour la production de Hempfu (sorte de tofu à base de lait de chanvre). La partie production est mécanique et à sec.
Pour l’énergie électrique, Jenny Lartizien indique :
« Nous consommons beaucoup d’électricité pour nos chambres froides, indispensables à l’obtention d’un grain de haute qualité nutritionnelle. Cela est particulièrement important pour préserver les acides gras, fragiles à l’oxydation causée par les variations de température. Nous stockons donc notre grain en chambres froides, c’est comme s’ils sortaient du champ, la qualité de produit est maximale. La conservation froide limite aussi les dégâts par les mites.
Afin d’améliorer l’isolation de nos chambres froides qui se remettaient en marche beaucoup trop vite à notre goût, on a fabriqué des briques de chanvre/terre. On a récupéré la terre décaisser quand on a construit notre bâtiment et on l’a mélangé avec la chènevotte. Nous avons séché les briques à l’africaine, puis les avons positionnées à l’intérieur des chambres froides pour améliorer leur inertie. »
Des collaborations locales
Les Chanvres de l’Atlantique collaborent avec plusieurs entreprises et enseignes landaises : ART&COS à Amou, pour la gamme cosmétique Nunti-Sunya, FMS pour la confection textile, API’UP pour l’achat de mobilier, API MELLONA pour le miel au chanvre, ROOKYTO, les enseignes de GMS : Leclerc, Intermarché et les magasins Bio. Différentes collaborations sont en cours de concrétisation.
Des échanges
Les Chanvres de l’Atlantique proposent leurs produits aux collectivités. De cette expérience une collaboration avec 34 chefs de collèges des Landes, est née, suivie de l’élaboration de 35 recettes répondant à la loi EGALIM.