Sacré à deux reprises « Meilleur Ouvrier de France », le photographe Cyrille Vidal défend son patrimoine gascon en images pour préserver ses traditions et constituer une mémoire collective.
Cyrille Vidal, un regard humaniste sur les Landes
Depuis 30 ans, Cyrille Vidal sillonne les Landes, objectif à la main avec la volonté de laisser une trace de ce qu’il voit du quotidien. Conscient que tout s’efface et disparait avec le temps, c’est cette poésie de la vie landaise avec ses paysages ruraux, ses traditions, ses métiers, ses rencontres et ses histoires passionnantes dont il s’efforce de garder l’empreinte « et il y a urgence » dit-il « à l’heure où on veut nous supprimer notre culture.»
Son regard authentique et profondément humain sur les Landes lui a permis de se faire un nom. Remarqué pour ses clichés sur la tauromachie et la chasse, il est aussi un portraitiste prisé réunissant parfois jusqu’à quatre générations venues immortaliser un mariage, une naissance ou un moment de vie dans son studio d’Aire-sur-l’Adour.
Accompagné dans ses débuts par des photographes renommés, il aime rappeler l’influence qu’ils ont eu sur son travail « Patrick Valleau m’a beaucoup soutenu et ma rencontre avec Claude Fougeirol a été une révélation. Dès sa première formation, je me suis dit que je voudrais lui ressembler et qu’un un jour je serais moi aussi Meilleur Ouvrier de France ! »
Il obtient ce titre tant convoité à deux reprises et dans les deux catégories existantes (art et industrie) en 2015 et 2019. « Ces prix m’ont apporté de la visibilité et m’ont permis de travailler davantage avec les entreprises. »
Un cœur 100% landais dans l’objectif
Ce qui l’attache à cette terre c’est la manière de vivre et l’esprit de convivialité. « Le matin je me lève, j’ouvre les volets et je vois les palombes au ras de la maison. Notre année est ponctuée par les manifestations. En mars les premières courses landaises, les fêtes de village… On vit au rythme de la nature, du passage des oiseaux migrateurs, de la cueillette des champignons… J’aime la chasse, la pêche, les jeux landais comme les échasses, les quilles de 9, de 6… et ça je ne peux le retrouver nulle part ailleurs ! » souligne le Landais qui garde aussi en lui des images fortes de son enfance dans la campagne de Bougue où il a grandi.
Après avoir créé son premier studio en 1999 au sorti d’apprentissage, il s’installe à Barcelone-du-Gers pendant 12 ans. Son entreprise grandit peu à peu « sans brûler les étapes ». Et en 2011, il fait construire un nouveau studio à Aire-sur-l’Adour. Des locaux à l’architecture contemporaine de 300 m2 avec studio de prise de vue, galerie showroom et salle de projection. L’entreprise compte 2 salariés et accueille une clientèle locale qui s’étend jusqu’à Bordeaux, Toulouse et Paris. Aujourd’hui photographe attitré du torero Thomas Dufau et du stade montois Rugby Pro, il capture les instants précieux car dit-il « je me dois d’aider à défendre notre patrimoine à travers mes images. »
À nouveau récompensé par ses pairs en janvier 2023 pour son ouvrage Jours de Pélère sur la fête du tue-cochon, le Landais à la « photothèque bien remplie » développe son travail d’édition, toujours dans l’objectif d’offrir un témoignage sur sa région, avec de nouveaux ouvrages et la sortie en octobre d’un livre sur la carrière de l’écarteur Christophe Dussau, huit fois champions de France et un prochain titre, bientôt, sur la fête des bœufs gras à Bazas qui fête ses 740 ans.